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LE 21ème SIECLE ET SES POSSIBLES - Partie 1 : Métiers et compétences (03-2021)

Les grands changements 

Depuis toujours les métiers évoluent avec les changements qui s'opèrent dans la société, certains changent, d'autres tombent dans l'oubli et d'autres encore reviennent sur le devant de la scène. 

 

Les allumeurs de réverbères, les crieurs, ces métiers étaient très présents au 19ème siècle. Mais aujourd'hui ceux-ci ne sont plus utiles. 

 

 

Pourquoi faire tant de bruit avec les métiers qui risquent de disparaitre ? Tout simplement parce aujourd'hui, tout va beaucoup plus vite et que cela impacte beaucoup plus de personnes. Les compétences qui permettent de créer de la valeur ajoutée ont une durée de vie beaucoup plus limitée surtout dans le registre "intellectuel". D'autres, au contraire, reviennent avec grande force. 

 

Les raisons sont multiples : 

  • La digitalisation 
  • La robotisation 

Toutes deux excluant les métiers ouvriers tels qu'ils étaient encore au 20ème siècle

  • La nécessité de résilience, qu'elle soit alimentaire, vestimentaire ou en lien avec l'approvisionnement pour les besoins quotidiens, 
  • La nécessité d'une nouvelle organisation de la société (liée aux risques de dépendances des produits) 
  • Les nouvelles organisations du travail (télétravail, entrepreneurs solo de plus en plus nombreux ..) 
  • Les "nouveaux besoins locaux" du fait des risques encourus par la mondialisation extrême, que ce soit de produits, de fabrications ou de services. 
  • De nouvelles pratiques liées à des nécessités environnementales et écologiques. 
  • ....

 

Entre l’an 2000 et 2010, nous venons de vivre une période de transition durant laquelle cinq crises mondiales se préparaient :

  • crise économique : robotisation accélérée, les subprimes, les algorythmes de la financiarisation ... 
  • crise écologique : le choc pétrolier de 2008, les sables bitunimeux, les énergies renouvelables ....
  • crise énergétique : la transformation climatique, les gaz à effets de serres ... 
  • crise géopolitique (je n'ai pas besoin de m'étendre sur le sujet
  • crise générationnelle : la population vieillissante dans certains pays

 

En parrallèle, il y a eu la grande rupture liée à Internet qui a été porté au nu sans pour autant que tous les impacts soient appréhendés (sur les 5 dimensions précedentes). 

 

Ce n'est pas simplement un changement, mais une mutation sociétale profonde parce que culturelle : elle modifie nos façons de penser et transforme les comportements tout comme l'a fait l'écriture, l'imprimerie, le téléphone - la voiture - le train .... 

 

Depuis l’aube de l’humanité, nos sociétés ont toujours été bousculées par l’arrivée de nouvelles idées. C’est leur circulation qui nous a obligés à changer nos façons de vivre et de penser collectivement. Durant l’époque industrielle, l’économie fonctionnait grâce à la production de biens et de services, maintenant son fonctionnement repose plutôt sur une financiarisation et internet (qui est devenu source non plus d'information mais de désinformation). 

 

La situation vient donc de changer du tout au tout. Elle nous oblige a réinventer autant notre modèle culturel (parce que nous avons perdu tous nos points de repère) qu’économique. Ce changement est en cours de façon chaotique, car les décisions prisent relèvent du fonctionnement de l'ère industrielle qui n'existe plus et que les défis sont d'ordre post-industriel.

 

 

 

La plupart des gens ne veulent rien changer parce qu’ils ont peur devant l’inconnu qui émerge.

 

L’homme fut d’abord victime-parasite du monde.

Il fut ensuite spectateur-prédateur du monde.

Il devient acteur-créateur dans le monde.

Marc Halévy

 

Nous devons rapidement passer d’une société orientée vers les choses 

à une société orientée vers les personnes.

(Martin Luther King, Un temps pour rompre le silence, 1967)

 

Or, qu'est-ce qui permet à l'humain de se situer dans une société ? 

Ses atouts, ses compétences, les activités dans lesquelles il se sent "animé"et "vivant".

 

 

 

Qu'est-ce qu'un métier ? 

Un métier est l'exercice d'une activité dans un domaine professionnel, en vue d'une rémunération. C'est un assemblage de savoirs, de savoir-faire et de savoir être qui s'imbriquent pour donner un savoir agir (une compétence). A celle-ci, s'incrémente le faire-savoir et le savoir faire-faire. 

 

Lorsque l'on dit qu'un métier disparait, il vient du fait que :

  • certains usages disparaissent (le livreur de lait, l'allumeur de révebères ... )
  • des fonctions sont automatisées ou  digitalisées (la comptabilité par exemple)
  • la robotisation remplace l'homme à tous les niveaux et dans beaucoup de secteurs que ce soit dans le tertiaire, l'industriel ou l'agriculture. 

 

Lorsqu'un métier disparait, le savoir et le savoir-faire s'éteignent mais le savoir être et le savoir agir demeurent. 

Si un métier n'existe plus ou si d'autres apparaissent, les compétences demeurent car elles sont plus stables dans le temps. Elles sont transposables. 

En fait très peu de compétences se créent réellement. Il s'agit essentiellement de croisement de compétences existantes. 

 

Un nouveau métier n'est qu'un nouvel assemblage de compétences à quoi s'ajoute des connaissances.  Les métiers qui disparaissent sont autant d'assemblages de compétences qui ne sont plus pertinentes (dans un environnement donné). 

La plupart du temps, si les compétences sont analysées, beaucoup sont transposables. Il s'agira juste de les assembler autrement et d'ajouter des connaissances adaptées. 

 

La connaissance s'apprend, c'est un savoir que chacun s'approprie. La créativité oeuvre ensuite pour organiser ses compétences différemment. 

Plus de 1200 métiers ont disparu durant les deux derniers siècles et pourtant dans les 10 dernières années, 140 métiers, inconnus jusqu'alors, ont émergé et ce n'est qu'un début.

 

Les métiers qui disparaissent 

 

En 2013, il était mis en exergue que 47% des métiers existants aux USA présentaient un risque d'automatisation élevé d'ici 2030 (avec plus de 70% de probabilité). Sur ces 47%, plus de la moitié présentait un risque élevé d'automatisation (à plus de 90%). 

 

Pourtant, en 2016, d'autres chercheurs ont fait une

étude pour le compte de l'OCDE (organisation de coopération et de développement économique) portant

sur l'ensemble des pays membres de l'organisation

(soit 35 pays des plus développés) évoquaient la disparition de seulement 9% des métiers existants. 

 

Qui croire ? 

 

Les premiers se sont appuyés sur la définition simplifiée

des métiers (700), alors que les seconds, ont abordé

l'étude en s'appuyant sur les tâches, essayant de

décrire le quotidien de chaque métier. 

Dans l'analyse des pratiques, nous nous appuyons non pas

sur la fiche de poste dit "travail prescrit" (base de l'étude 1), mais sur le travail réel (base de l'étude 2).

 

Or ce sont les taches qui sont automatisées pas les métiers. 

 

Le métier de comptable consiste à analyser des comptes et la mise en forme des données chiffrées. Sauf que dans la réalité il doit assumer de nombreuses interactions avec d'autres personnes d'horizons différents, trouver des solutions créatives, interpréter des données, faire des préconisations (donc anticiper),  ....

N'importe quel métier peut se traduire en compétences et non en tâches. Et de ce fait, les risques que le métier disparaisse s'amenuise. Voila pourquoi les 2 études ont tant d'écart, passant de 47% à 9%. 

 

Les premiers se sont appuyés sur la définition simplifiée des métiers (700), alors que les seconds, ont abordé l'étude en s'appuyant sur les tâches, essayant de décrire le quotidien de chaque métier. 

Dans l'analyse des pratiques, nous nous appuyons non sur la fiche de poste dit "travail prescrit (base de l'étude 1), mais sur le travail réel. 

 

Or ce sont les taches qui sont automatisées pas les métiers

 

N'importe quel métier peut se traduire en compétences et non en tâches. Et de ce fait, les risques que le métier disparaisse s'amenuise. Voila pourquoi les 2 études ont tant d'écart, passant de 47% à 9%. 

 

La vision simplifiée d'un métier consiste à décrire ce que l'on y fait de façon très réductrice. C'est pour cela que les machines sont faites : des tâches routinières sans valeur ajoutée.

 

Vous pouvez le voir sur cet article : http://ekladata.com/F99XHWsNhry4JEYiKzc3Mkod-0g/25-metiers-qui-vont-disparaitre-a-cause-de-la-technologie.pdf

 

Si certains sont effectivement déjà en cours (magasinier), d'autres, en revanche sont loin d'être si évidents (taxi, barman, vendeur,  ...). C'est oublié le lien social dont l'humain a besoin pour vivre, c'est oublié les connaissances transversales, les savoirs faire techniques, pratico-pratiques, les tours de main, quelque soit le métier concerné. 

 

Nous dirons que c'est le grand fantasme du mouvement "transhumaniste" qui tente de sévir de plus en plus tout de même (pour l'instant).  

 

L'unité de base de l'économie n'est plus le métier mais bien la COMPETENCE 

Jack MA, fondateur de Alibaba, en 2018, incitait les nations du monde entier à profondément rénover leurs modèles d'éducation pour développer chez l'individu ce qui les différencie des machines, comme la créativité, les émotions, la solidarité, la coopération, .. c'est à dire les softs skills. 

 

Par ailleurs, en 2017, les travailleurs indépendants représentaient en France 2,8 millions des actifs;  aujourd'hui (en 2020) ils sont autour de 4 millions dont 47% sont des femmes.

 

Cette mutation est complétement en ligne avec la mutation en cours des formes d'emplois. Le cadre même du travail est remis en question. L'ancien cadre du travail remonte à 150 ans, période de la montée de la révolution industrielle et du taylorisme. Il était axé sur ce que les entreprises avaient besoin. 

 

Lorsque le travail humain vient à être effectué par une machine qui le remplace, un emploi est détruit. Le travail est toujours fait, mais il n'y a plus besoin de l'individu, et malgré cela, l'organisation du travail est telle que l'on continue de les rassembler.

Le monde du travail et le monde de l'emploi sont en pleine mutation et les compétences sont la CREATION DE VALEUR de l'humain. Il ne s'agit pas d'opposer l'humain à la technologie mais de faire en sorte que cette dernière soit au service de l'humain. 

C'est le cas au sein des FABLABS avec les imprimantes 3D (entre autre). 

 

Les choix que nous faisons aujourd'hui au nom du collectif déterminent le modèle de société dans lequel nous vivrons tous demain. 

Faire le point sur ses compétences n'est pas un caprice. Il permet d'identifier ce qui est transposable et vers quoi on peut tendre,  en aligement avec ce que l'on est, ses valeurs, ses aspirations, ses rêves, ses ambitions, ses capacités ... et préciser le monde dans lequel nous voulons vivre. 

 

 

La compétence : entre le savoir agir et l'agir réel 

Le cognitivisme localise les phénomènes mentaux (conscience, connaissances, émotions, etc.) dans le cerveau-esprit dans lequel fonctionne une compétence (= savoir agir) qui mobilise ou transfère d’une situation à l’autre les savoirs qui y sont emmagasinés.

Dans cette perspective, une personne compétente se comprend par le cumul de savoirs et de compétences décontextualisés.

 

Par contraste, la perspective de l’énaction localise les phénomènes mentaux dans l’entièreté de la personne en action et en situation (PAS), c’est-à-dire dans l’agir réel de la personne en contexte réel.

 

La compétence se comprend alors comme un agir réel qui est à la fois corporel, intentionnel, mental, spatio-temporel, situationnel et dont les fonctions essentielles sont : se disposer, se situer, se positionner et (se) réaliser.

Nous argumentons que l’agir réel, qui fonctionne et se développe en situation, traduit mieux ce qu’est une personne compétente que les savoirs et compétences qu’elle accumulerait hors situation.

Domenico Masciotra - 2020

 

C'est la raison pour laquelle, lors d'un bilan de compétences, l'analyse de pratiques est  incontournable et se combine avec les dimensions émotionnelles, intentionnelles, les aspirations, les valeurs, le mode de fonctionnement mental (son mode opératoire identitaire), le type d'environnement qui permet la pleine expression du potentiel. L'analyse porte sur l'agir réel, donc transposable car la compétence s’absorbe dans les activités quotidiennes, plus particulièrement dans les actions que fait une personne pour réaliser ces activités : elle se développe et fonctionne in situ

 

Il est postulé que les phénomènes mentaux (intelligence, compétence, cognition, émotion, etc.) sont incorporés et prennent place et sens dans les activités quotidiennes.

 

La théorisation* de la compétence porte sur la compétence effective, celle qui opère dans et par l’action de la personne en situation. Notons que « en situation » est ici synonyme de in situ qui signifie que l’action se déroule dans l’espace-temps réel.

 

*La thérorisation est la mise en théorie de faits observés et explicités

 

Les métiers émergents 

Lorsque l'on cherche sur n'importe quel moteur de recherche "les métiers émergents", ce qui se présente sont tous les métiers liés au numérique. 

 

C'est exclure ce qui se passe vraiment et croire que tout va être uniquement NUMERIQUE (un fantasme)

Bien sur que ces métiers vont être présents mais peu de personnes pourront les exercer du fait de l'automatisation qui remplace l'humain. 

 

Alors regardez autour de vous, nous sommes dépendants de la Mondialisation et sommes en risques très forts de pénuries de toutes sortes. 

 

Dans le monde "agricole", dans le tertiaire, même dans l'industrie tout change. 

Nous revenons à des structures plus petites, plus agiles, plus flexibles. Nous nous dirigeons, de gré ou de force, vers une économie de la relation et de la coopération, circulaire, de fonctionnalité ...

 

Nous revenons à des métiers de l'artisanat ... de l'élan du Do It Yourself, nait des vocations en couture et la confection, en tapisserie, en ebenisterie, en menuiserie, en  métiers de bouche .... Ils prennent juste une autre "forme".

Nous revenons à des métiers tels que brasseurs, paysans, herboristes, ceuilleurs de plantes sauvages comestibles, des conserveries réalisant des produits locaux, des brasseries, des couturiers (ères) mais aussi des réparateurs de pièces scannées puis reproduites (pièce unique), quasiment tous les secteurs sont touchés et chaque lieu de vie va tendre de plus en plus à se réapproprier les activités en réponse à des besoins quotidiens mais aussi à des enjeux (économique, écologique, préservation des ressources .... ). 

 

Nous revenons à des métiers qui se réapproprient l'essentiel, le sens du vivant, nous revenons à la simplicité, au plaisir de vivre .... comme des humains et non comme des machines qui attendent leur paye à la fin du mois en réalisant des jobs qui, peut-être vont disparaitre. 

 

Dans ce monde nouveau il va y avoir besoin de logisticiens, d'organisateurs, de facilitateurs, de créatifs, de réparateurs de toutes sortes (peut-être en utilisant la technologie aussi). Il est urgent de relocaliser et de revenir à une économie réelle. Raison du retour de certains métiers anciens remis au gout du jour. 

 

Qu'est-ce que cela signifie ? Que les métiers changent.  iIs s'expriment et s'exercent différement parce que la société change, ils ne disparaissent pas forcément. 

 

Le Changement actuel offre des opportunités insoupçonnées. 

Il vous suffit juste de regarder autour de vous !

 

Quels sont les manques ? Les manquements de la société ? 

Quelles sont vos compétences (agir réel) ? 

Quels sont vos aspirations ? Vos talents ? Vos envies ? Ce dans quoi vous agissez sans réfléchir et vous redynamise ! 

 

Outre le fait qu'il faille découvrir vos propres forces, vos propres atouts, 2 éléments sont incontournables aujourd'hui :

 

En observant le monde autour de vous, que constatez-vous ?  imaginez ce qui pourrait permettre d'exprimer vos compétences réelles. 

 

 

Les opportunités sont là, il suffit juste d'aligner vos compétences réelles - ce que vous aimez faire le plus avec aisance et facilité, vos attirances pour une activité et ce dont le monde a besoin.

 

Surtout usez et abusez de la créativité pour imaginer le monde dans lequel vous voudriez vivre, et comment vous pourriez y contribuer en mettant vos talents à son service. 

 

Prochain article : les softs skills  

 

Véronique BOUTHEGOURD 

 

 

 

 



11/03/2021
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