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L'amour de son métier

"Ce qui unit les hommes c'est l'amour du métier" -  Antoine de Saint Expuréry.


 

Plus personne n'en parle et pourtant, n'est ce pas toute la beauté d'une vie ! 

Partout nous n'entendons que de "bien-être au travail", d'épanouissement... Nous entendons aussi "remettre le travail à sa juste place".

 

Dans notre société de l'accomplissement personnel, le travail est devenu l'un des principaux vecteurs de la réalisation de soi" C'est ce que dit Vincent de Caulejac - sociologue. Entendons derrière ces mots, l'accomplissement et la réalisation "MATERIELLE", qui n'est que la continuité du XIXème siècle, puisque cette quête du bonheur était induite par la grande promesse du capitalisme. Il s'agissait de permettre l'émancipation des salariés en leur apportant à la fois richesses et épanouissement dans le travail. 

Hummm !! je reste songeuse et perplexe ! 

Honnêtement, ce qu'attend un employeur, est-ce vraiment que ses salariés se fassent plaisir ? Ou bien est-ce seulement que ceux-ci contribuent à la rentabilité de l'entreprise ? L'un n'étant pas toujours compatible avec l'autre. 

 

Peut-on appeler "accomplissement ou réalisation de soi" lorsqu'on occupe un poste qui n'a pas grand utilité, voire même pas du tout, ni pour soi même ni pour les autres, ou  lorsqu'on a le sentiment de perdre son âme (remplir des tableaux de bords toute la journée).

 

En fait deux points de vues s'affrontent aujourd'hui, le premier pour qui "travailler" n'est qu'un moyen de nourrir sa famille et prendre du temps libre, le second qui envisage le travail comme une condition indispensable au bonheur.

En temps de crise, le premier l'emporte jusqu'à faire taire notre sensibilité lorsque le travail perd son sens éthique, moral, logique. Sauf qu'un malaise s'installe et se répercute sur la vie personnelle et la santé. Ceci explique beaucoup l'absentéisme, la dépression, les burn-out,  surtout lorsque des éléments entrent en contradiction avec nos valeurs profondes - comme devoir respecter des délais sans se préocuper de la qualité finale du produit (je ne parle pas des process qualités sur lesquels toutes les entreprises sont axées sans pour autant fabriquer des produits de qualité). De nos jours, le travail est vécu par beaucoup comme une source de fatigue, comme une obligation, un lieu de conflit, de compétitions, une routine ou juste un moyen de renflouer son compte pour payer les factures. 

 

Comme vous avez pu le lire dans l'article Le monde du travail en pleine mutation , nous sommes à un grand tournant ! Il arrive à grande vitesse ! Les humanoïdes sont là ! La robotisation s'amplifie ! Ce qui signifie que les grandes entreprises ne seront plus que des "conseils d'administrations", pour le reste, ils s'arrangeront n'ayez crainte. 

 

Il semble que depuis 3 siècles, nous ayons oublié l'essentiel. L'amour du métier. 

 

Qu'est-ce que le travail réellement ? 

Pour bien des personnes aujourd'hui, le travail perd sa signification. L'insatisfaction n'est pas limitée à certaines professions, certaines origines personnelles ou certaines croyances, elle imprègne subtilement chaque aspect du travail et tous les domaines. 

 

Chaque être de l'univers exprime sa véritable nature dans le cours de son existence. Travailler est la réponse humaine et naturelle du fait de vivre, notre manière de participer à l'univers. Le travail nous permet d'utiliser pleinement notre potentiel, de nous ouvrir la gamme infinie d'expériences qui résident en l'activité. A travers le travail, nous pouvons apprendre à employer notre énergie afin que tous nos actes soient fructueux et riches. 

 

Satisfaction et accomplissement font partie de notre nature humaine (non en terme d'accomplissement social ou matériel uniquement). Le travail nous donne l'occasion de réaliser pleinement cette satisfaction en développant les vraies qualités de notre nature. Il est notre moyen de créer l'harmonie et l'équilibre en nous-mêmes et dans le monde. Nous apportons, à travers lui, la contribution de notre énergie, notre souffle et notre esprit dans l'activité créatrice. En excerçant notre créativité nous remplissons notre rôle naturel dans la vie. 

 

Chaque moment de la vie est une occasion d'apprendre, chaque expérience enrichit notre vie. Nous sommes les metteurs en scène d'un spectacle magnifique et veiller à ce que chaque moment de notre vie soit joué avec la qualité exaltante de la véritable inspiration dépend de nous.  Le travail, qui constitue une large part de notre expérience quotidienne, est une occasion de développer et parfaire activement les qualités universelles présentes en nous qui rendent la vie riche et pleine de sens. Dans la société complexe d'aujourd'hui, nous avons perdu le contact avec la connaissance des moyens d'utiliser nos capacités pour mener une vie efficace et sensée. 

Les choix 

Avant les années 70, beaucoup de métiers étaient suscités par la vocation et la passion. De nos jours, tout le monde exerce tous les métiers pour peu qu'ils puissent en vivre, d'ailleurs nous pouvons le voir aussi dans les universités, voir des étudiants qui viennent là non pas parce que les matières les interessent, mais juste parce que le diplôme pourra leur ouvrir des perspectives intéressantes. Depuis 50 ans, les choix d'orientation  ne sont plus conditionnés par l'amour du travail mais par la position sociale, la renommée, la faible propabilité qu'il y ait un poste à pourvoir une fois que les études sont terminées, le chèque de la fin du mois. Le choix d’un métier est maintenant uniquement guidé par des raisons alimentaires ou par la recherche effrénée de popularité. Le problème est que nous arrivons à une véritable "pénurie de talents" pour cette raison (il n'y a pas que celle-ci ! l'organisation et le management en sont également responsables).

 

Pour la majorité, travailler pour s'en "tirer" est devenu la norme. La plupart des personnes ne s'attendent pas à aimer leur travail, du moins c'est ainsi qu'ont été "drivés" tous ceux qui sont nés depuis les années 60/70 - 2 générations, et ça continue ! Le travail a été depuis lors, considéré comme le moyen de parvenir à un but (le salaire) et rien de plus, l'organisation du travail conditionnant les gens à être des exécutants. D'autant que tous les métiers manuels ont été discrédités depuis des lustres !  

Nous avons perdu contact avec les valeurs et qualités humaines qui jaillissent naturellement d'un plein engagement avec le travail et la vie : l'intégrité, l'honneteté, la loyauté, la coopération, la responsabilité.

Si nous ne sommes pas guidés dans notre vie par ces qualités, nous commençons à dériver, en proie à une sensation de malaise et d'insatisfaction. N'est-ce pas ce qui se produit ?

 

Ce choix hasardeux amène des dérives. Ces mêmes dérives engendrent aussi un retour surprenant de la part des jeunes. 14% des jeunes diplômés d'études supérieures se reconvertissent vers des métiers"manuels" dans les 2 années après l'obtention de leur diplôme. (étude réalisée par l'APEC en 2015). Leur dénominateur commun étant la désillusion ! Et oui, face aux jeux d'acteurs, aux jeux de pouvoirs, aux logiques éléctorales dans certains milieux, à la prépondérance des tâches bureaucratiques de contrôle pour le contrôle ... plus personne n'y trouve d'intérêt profond ou du moins ils en perdent l'essence.  [...Une étude qui montre qu'une partie de la jeune génération est prête à se retrousser les manches et à utiliser ses mains parce qu’elle n’a plus envie de s’épuiser (burn-out), de s’ennuyer (bore out) ou de faire un travail inutile (bullshit jobs, générateurs de brown-out). En somme, des digital natives prêts à faire autre chose de leurs doigts que tapersur un clavier...].

 

Pour d'autres la raison est de "voir enfin le résultat direct" de ce qu'ils font ou produisent. 

 

Mais il n'y a pas que les jeunes !  Beaucoup aujourd'hui, repensent leur investissement dans le travail et désirent ardemment changer de registre. Les Séniors (dès 45 ans), se retrouvent à avoir suivi aveuglément des cursus pour des raisons de carrières, ils ont appris, évolués en même temps que le monde de l'entreprise et la société et aujourd'hui ils sont mis à l'écart. Eux aussi reviennent à "l'amour du métier", à ce qui fait sens. 

 

Il est important pour nous de voir que notre survie au sens large dépend de notre bonne volonté à travailler avec toute la force de notre esprit et de notre coeur, à participer pleinement à la vie. C'est seulement ainsi que nous réaliserons les valeurs et qualités humaines qui apportent l'équilibre et l'harmonie dans notre vie, dans notre société.  

 

Remettre l'Homme au coeur du Système, commence là ! 

 

La vocation est cette chose qui donne à l'individu de l'amour pour son métier et je ne prendrais que ce sens là. 

L'amour de son métier, c'est lorqu'on est fier de ce qu'on réalise, qu'on le fait comme si c'était pour soi. S'ajoute tout ce qui fait sens pour préserver l'humanité, la planète, l'économie durable et équitable, à l'ère de la connaissance, ce sont aussi tous ces savoir-faire incroyable qui ont nous ont accompagné et font tout le patrimoine de l'humanité. 

Etre conscient

Bien qu'à certains moments nous sentions cette richesse interne, souvent nous nous y fermons et encourageons en nous mêmes des sentiments subtils d'insatisfaction. Or ces sentiments nous détournent de nos ressources intérieures, de sorte que nous cherchons la plénitude à l'extérieur de nous-mêmes. Attirés par les divers évènements excitants qui se passent autour de nous, nous nous en saisissons avec avidité, croyant qu'il nous apportent satisfaction. Mais en centrant notre énergie hors de nous-mêmes, nous restons sourds aux nombreux messages internes émis par nos sens, nos pensées, nos sentiments, nos perceptions.  Ceci nous amène à de subtils sentiments d'insécurité, et la vie peut commencer à sembler vide, dénué de sens. 

 

Nous vivons dans un monde qui bouge très vite, ceci nous force à poursuivre le même rythme. La plupart d'entre nous ne veulent pas vivre de cette manière, mais nous avons été happés par les exigences que la société a introduit dans nos vies. Nous vivons si vite que nous n'avons pas le temps de nous apprécier nous -mêmes, sans compter les pressions exercées, issue de la famille, des amis, des "paradigmes" du XIXème siècle. 

 

Quand nos idées et sentiments naturels ne sont pas soutenus et encouragés, nous perdons contacts avec nos sens et le courant de communication entre notre corps et notre esprit est inhibé. Nous ne savons plus ce que nous ressentons vraiment. Nous devenons tellement habitués à nous conformer qu'avec l'âge nous laissons ces structures répétitives gouverner notre vie, nous devenons étrangers à nous-mêmes et pire nous le transmettons aux nouvelles générations. 

 

L'autre dérive de ce phénomène est "la pénurie de talents". Car oui, elle existe, pas telle que présentée dans les études faites pour les grandes entreprises qui peinent soit-disant à recruter, mais tout simplement parce que l'orientation renie les talents dès le départ. Les choix ne sont pas fait pour le métier mais pour les avantages qu'il comporte (là je pense au monde de l'éducation nationale), ou encore pour les besoins de la société - pour palier au chomâge les personnes sont dirigées dans le secteur de la silver économie - sauf que pour ces métiers, liés à l'humain, la vocation est l'essence même de la motivation à l'exercer. Il ne faut donc pas s'attendre à ce qu'il y ait un quelconque respect de quoique ce soit si l'on n'est pas fait pour ça et qu'il s'agit juste d'avoir un emploi.  

Gaspillage d'énergie

L'énergie est notre plus précieuse ressource car elle est le moyen de transformer notre potentiel créateur en action pleine de sens. Le temps et l'énergie que nous gaspillons sont perdus pour toujours. Même si, nous apprenons à chaque instant, encore faut-il que nous soyons en mode "apprentissage" et que l'activité exercée ne soit pas qu'une succession de gestes ou de pratiques liés à un travail occupationnel. L'ennui gagne vite, sans compter toutes les suites que cela peut engendrer. Graeber assure que « des tas de gens passent leur vie professionnelle à effectuer des tâches qu’ils savent sans réelle utilité ». Il estime que ces emplois n’ont pas d’autre raison d’être que celle de ne pas créer de chômeurs supplémentaires. Et que « les nuisances morales et spirituelles qui accompagnent cette situation sont profondes ». (Voir aussi la « La Bureaucratisation néolibérale » de Béatrice Hibou). Perdre son temps et son énergie nous laisse vide. 

 

Quand nous n'investissons pas notre énergie dans un travail qui nous plait, tout notre être en est affecté. Notre motivation vacille. Certains préfèrent ne pas y penser, d'autres essayent mais leur santé en prend un coup. D'autres enfin prennent le risque d'aller vers ce qu'ils sont, ce qu'ils aiment. 

 

Des solutions existent !

Je vais vous raconter l'histoire de Sophie.

 

Elle travaillait pour une société de pompes funèbres, l'intitulé de son poste était "assistante", mais en réalité elle était responsable du magasin, s'occupait de toutes les démarches adminsitratives, logistiques, des commandes, des relations avec les notaires, les avocats ... Bref, elle gérait le magasin a elle toute seule, pour un salaire de misère (juste un peu au dessus du smic). A chaque fois qu'elle demandait une révision de son poste et de son salaire, les 2 dirigeants lui riaient au nez ou disaient "plus tard, plus tard". Lorsqu'elle en a eu assez, elle a franchi la porte de mon bureau. 

Il s'avère qu'en paralléle, elle avait une autre activité - pour le fun !, elle vendait des bougies et de la décoration à domicile, La façon dont elle parlait de cette activité la transformait radicalement. Nous avons donc creuser. Je lui ai alors demandé pourquoi elle n'essayerait pas de les fabriquer elle-même. C'est alors qu'elle a commencé à chercher les matières premières, qu'elle a rencontré des apiculteurs locaux pour acheter la cire, qu'elle a cherché des fabriquants d'essences florales "bio". Son époux, enthousiasmé par l'idée, lui a arrangé un coin dans l'atelier. Et c'était parti. Elle a commencé à réaliser ces premières bougies et à les vendre. Nous avons alors élaboré plusieurs scénarios possibles en s'appuyant sur la "perte acceptable". Aujourd'hui, elle est à mi-temps dans son job, et le reste elle le passe à créer et vendre des bougies. Libre à elle de franchir la marche supérieure ou non. Il semble que cela soit possible grâce à la rencontre de personnes qui "complétent" sa gamme. 

 

Il y a toujours moyen de composer avec ce qui existe. D'un coté elle assure le quotidien - son sentiment de sécurité. De l'autre, elle se nourrit énergétiquement et spirituellement en exerçant une activité qu'elle aime. Elle gagne plus que lorsqu'elle était à temps plein dans sa société, et le bonus, est qu'elle prend du plaisir à le faire, son esprit créatif et d'entreprise se développent et tout semble simple et aisé. 

Comment reprendre contact avec soi-même

Tout d'abord il est recommandé de commencer à regarder clairement notre nature intérieure. Cette clarté est le début de la connaissance de soi, ellle peut être développée simplement en observant l'activité de notre esprit et de notre corps. 

Vous pouvez pratiquer cette observation n'importe où, quelle que soit votre occupation, en étant conscient de chaque pensée et des sensations qui l'accompagnent. Vous pouvez être sensible à la manière dont vos actes affectent vos pensées, votre corps et vos sens. En vous observant ainsi vous ouvrez à nouveau la voie de communication entre le corps et l'esprit, et obtenez une conscience plus grande de qui vous êtes. Vous entrez dans le processus vivant et dynamique qui consiste à apprendre à se connaître, et la connaissance de soi que vous acquérez élève en qualité tout ce que vous faites. 

L'important est d'être dans le présent et honnète avec vos ressentis, vos perceptions. 

Mieux nous nous connaissons, plus nous sommes en accord avec nous mêmes. Il n'est pas nécessaire de faire une psychothérapie lorsque nous ne nous sentons pas bien dans l'emploi que nous occupons. Juste de revenir à nos ressentis intérieurs, et reconnaître ce qui nous procure de l'énergie. 

Invitation à une petite introspection !

Je vais  vous demander une chose. Je suppose que vous avez un hobby, une activité que vous aimez faire ou vivre particulièrement, cela peut aller de : entretenir sa bicyclette à chiner, à restaurer, à jouer d'un instrument de musique, à concocter de petits plats, à faire son jardin, à écrire des articles, à aider les autres  .. 

 

Comment vous sentez-vous lorsque vous êtes pris dans cette activité (ou ces activités) ? Voyez-vous passer le temps ?

Etes-vous à 100% voir 300% ? Dans quel état intérieur êtes-vous ? Eprouvez-vous du plaisir, de la joie ? Est-ce agréable, désagréable ? Vous sentez vous plein d'énergie ou fatigué ? Quelles sont les raisons qui font que votré énergie, votre enthousiasme, votre dynamisme, votre créativité, votre concentration peut-être augmentent ? 

 

Oui !! je sais cela peut paraître stupide ou une perte de temps ! 

 

Vous verrez que non ! 

 

Notez tout ce qui vous procure du plaisir, réellement ! et le pourquoi ! Essayez d'élargir votre vocabulaire et  d'être le plus précis possible.

 

Et pour finir, juste un petit encouragement  ! juste un clin d'oeil ! à vous de voir comment cela résonne en vous. 

 

A très bientôt. 

 

Le prochain article : l'alignement professionnel

 



02/01/2017
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